Quels seraient les apports visibles et à venir que pourrait avoir un mode d’apprentissage collaboratif prenant appui sur des espaces communautaires adaptés aux travails de groupe, qui eux s’inspirent des espaces de coworking, sur les études et le travail des étudiant.e.s ?
Tel est la question auquel nous avons tenté de répondre à travers cet écrit. Pour clore notre composition nous parlerons des pédagogies alternatives comme intermédiaire d’enseignement. Mais aussi du coworking comme une forme de maintien de l’étudiant.e dans une posture précaire, tout en différenciant bien la notion d’apprentissage collaboratif, qui peut être un élément à intégrer dans l’enseignement, sous certaines mesures, et le coworking.


Nous discuterons de trois pédagogie alternatives : la pédagogie Montessori, la pédagogie Freinet et la pédagogie Steiner. Pour la première tout commence en 1899, les recherches de Maria Montessori, médecin et militante active pour la reconnaissance des droits de l'enfants, portent sur les enfants avec une déficience mentale ou porteurs de troubles mentaux, qu'elle rencontre dans des asiles et des cliniques psychiatriques. Pendant de nombreuses années, elle étudie leurs comportements, leur sens de l'observation, leurs atypicités et met en lumière plusieurs principes éducatifs qui semblent être adaptés à ces enfants. Ainsi, en 1907, sa première école ouvre ses portes à Rome. La pédagogie Montessori s'appuie sur un principe majeur : elle distingue des périodes plus sensibles chez l'enfant, où il sera le plus susceptible de développer un type de compétence. On distingue ainsi différentes étapes d'apprentissage chez l'enfant : le langage, la coordination des mouvements, l'ordre, le raffinement des sens, le comportement social et la préhension des petits objets. Il faut savoir que l'enfant apprend une nouvelle étape seulement quand la précédente est déjà bien intégrée. De plus, aucun profil n’est spécifique à cette méthode, chaque enfant peut s’y essayer, puisque cette pédagogie est universelle et intemporelle. Son matériel concret et scientifique mène l'enfant vers la pensée abstraite et permet à chacun d'évoluer au gré de ses sensibilités et de ses besoins. Par exemple les enfants dès la maternelle ont un référent francophone et un autre anglophone. L’école privilégie d’ailleurs les activités individuelles, c’est l’enfant qui régit son rythme d’apprentissage et mène ce dernier à cultiver son autonomie. Cette méthode guide, et non instruits, la classe de 20 enfants et ne s'applique que jusqu’à l’âge de 8 ans (CE2) de là ils rejoignent le cursus classique. La pédagogie Montessori est plus reconnue et développée dans les pays scandinaves et au Etats-unis, qu’en France. Ce qui s’explique à la fois par une méconnaissance de la méthode, il n’y a que 30 écoles réparties sur le territoire, et à la fois par le fait que cette pédagogie soit assez coûteuse. 1


Pour la deuxième, élaborée par le pédagogue français Célestin Freinet, cette pédagogie offre à l’enfant un rôle actif dans son propre apprentissage. Il n’est plus question de lui inculquer un savoir qu’il intègre passivement et sans passion. Pour le motiver et l’aider à réussir, il doit être pleinement intégré à l’élaboration des leçons, à l’organisation de la classe et de l’école. La pédagogie Freinet repense aussi le rôle de l’enseignant.e. L’enseignant.e se retrouve avec eux pour les guider et les encourager, en ce sens ils/elles ne font plus vraiment classe. Pour le pédagogue, nous apprenons à lire, à écrire et à compter comme nous avons appris à marcher : en expérimentant et donc en se trompant. L’échec n’est plus vécu comme une déception mais plus comme une étape qui guide vers leur réussite. Vraiment impliqués dans le processus d’apprentissage, les enfants participent régulièrement à, ce qu’il appel, des classes ateliers et des classes promenades. Ils tiennent un journal scolaire, font du théâtre ou de la danse. Le but principal de cette pédagogie est de développer leur sensibilité pour les aider à apprendre. Une vingtaine d’écoles Freinet existent en France et elles accueillent des élèves de la maternelle et du primaire. 2


Pour la troisième et dernière pédagogie alternative nous allons nous intéresser à Rudolf Steiner, qui nous explique que pour lui l’enfant n’est pas une page blanche. Il faut le considérer dans sa globalité avec un corps, une âme et un esprit. L’école a donc comme mission de l’aider à apprendre mais toujours en attisant sa curiosité et en respectant son rythme. Contrairement à l’éducation traditionnelle, qui considère la lecture, l’écriture et le calcul comme les principaux savoirs à inculquer à l’enfant, la pédagogie Steiner met beaucoup plus l’accent sur l’enseignement artistique et corporel. En apprenant à jouer d’un instrument ou en faisant du théâtre, les enfants développent leur intelligence émotionnelle et leur créativité. Jusqu’à l’âge de 7 ans, l’apprentissage se fait surtout par le jeu. Par la suite l’enfant apprend l’enseignement des fondamentaux, comme la grammaire et les mathématiques pour lesquels l’enfant est invité à trouver les solutions par lui-même. L’accent est aussi mis sur les voyages, avec de nombreux échanges scolaires à l’international. On recense en France 22 écoles appliquant la pédagogie Steiner, dont 3 sous contrat avec l’Etat. 3


Ainsi nous comprenons que ces pédagogies s’effectuent lors de la petite enfance, afin d'éveiller au mieux l’enfant. Cet éveil se constitue individuellement pour autonomiser l’enfant. En ce sens aucun apprentissage collectif n’est envisagé dans pendant cette phase. Cependant, même si l’éveil est individuel, les enfants sont amenés à apprendre en classe au milieu d’autres camarades, ce qui les apprend à se respecter les uns les autres. Ce qui supposons-le pourrait les amener à mieux appréhender les travaux de groupes ensuite. Puisque leur apprentissage sert à être autonome, à être plus confiants et à ne pas considérer l’échec comme une non-réussite ils/elles seraient plus à même de réaliser des tâches individuelles mais aussi des tâches collectives.


Revenons sur le coworking et ses espaces. Nous l'avons vu auparavant l’espace de coworking seul comme espace où se déroulerait un travail collaboratif n’est pas la meilleure option de l’étudiant.e. En effet, ce.tte dernier.e utilise ce lieu comme un moyen de subsister. Puisque sa situation précaire ne lui permet pas d’avoir un espace de travail chez lui/elle. Les étudiant.e.s sont les néo-nomades d’aujourd’hui, ils/elles répertorient tous les espaces de travail alternatifs, comme le coworking. La collaboration et la productivité sont des mots revenant souvent de la part des étudiant.e.s, qui trouvent enrichissant et rafraîchissant d’échanger avec les freelances et autres indépendant.e.s pour créer de nouveaux liens humains. Ils/elles n’en restent pas moins précaires dans cette situation, étant donné que la moitié d’entre eux ont un boulot, ces étudiant.e.s travaillent, ils ne peuvent donc pas accéder à ces espaces aux horaires indiqués. Quand bien même l’espace de coworking est au sein du campus, les étudiant.e.s ne sont pas initié.e.s à la pratique, en outre les projets professionnels pouvant y voir le jour ne sont pas dépendants de ce lieu. Quitte à avoir des solutions alternatives pour tenter de pallier à leur précarité, autant faire des bureaux portatifs pour que ces étudiant.e.s puissent réviser partout et nulle part à la fois. Cependant ce serait un premier pas de mettre ce type d’objets en libre utilisation aux abords des bibliothèques par exemple lorsque celle-ci sont bondées. De plus la multitude de domaines que l’on trouve à l’université ne permettrait pas l’utilisation optimum de cet espace. Puisque même si les licences proposées se rejoignent pour soumettre aux étudiant.e.s plusieurs travaux de groupes à l’année, la teneur du travail demandé ne sera pas la même entre une licence de sociologie, une licence d’histoire ou une licence d’art plastique. Par conséquent ils/elles n’auront pas besoin des mêmes outils. Mais le point qui les relient tous c’est qu’ils est impensable aujourd’hui de travailler sans une communauté virtuelle. Que ce soit pour partager le travail, demander des conseils, s’entretenir avec son groupe, les communautés virtuelles de travail sont indispensables à la bonne organisation et bonne cohésion d’une classe et d’une promotion.


Pour conclure, à ces niveaux d’études où les étudiant.e.s sont livré.e.s à eux-mêmes, ils/elles ont des différences quant à la rétention d’informations, à l’autonomie dans leurs cours, et aussi et surtout quant aux lieux où ils peuvent étudier. Ils/elles doivent réaliser sur le même laps de temps leur travail universitaire et leur job d'étudiant.e. Puisque qu’au vu de la crise économique actuelle, ciblant les aides aux logement et les bourses, l’augmentation des coûts du logement d’une année sur l’autre et ceux depuis une dizaine d’années, les étudiant.e.s n’ont plus pas d’autres choix que de travailler ce qui met, dans tous les cas, en péril leurs études. L’enseignement supérieur ne permet pas le meilleur suivi universitaire malgré les dispositifs mis en place, puisque plusieurs chiffres montrent qu’un.e étudiant.e qui a un travail à côté à trois fois moins de chances de réussir qu’un.e étudiant.e qui n’en a pas et ceci n’est pas pris en compte. Ce qui veut dire que nous sommes face à un dilemme qui, qu’importe la section d’enseignement, pose le problème suivant : Comment un.e étudiant.e qui a un job à côté peut suivre un volume horaire d’enseignement aussi conséquent que l’étudiant.e qui n’a pas de travail à côté, sans pour autant menacer la continuité de ces études ?

Sommaire


































1Thiébaux Anaïs. Journal des femmes, « Méthode Montessori : en quoi consiste cette pédagogie éducative ? ». Mis à jour le 06/05/2020.










2Roucheux Marion. Les louves, « Montessori, Freinet, Steiner : quelles différences entre ces pédagogies alternatives ? ». Publié le 28/11/2017.

3Idem